dimanche 22 octobre 2017

Herbes sèches et gazons brûlés

Herbes sèches, arrière-saison brûlée



Sèches sous les pieds, cassantes et rousses, les herbes brûlent cet automne.
Racines trop courtes dans la terre si sèche, elles appellent une rosée, un brouillard, une seule goutte d’eau.

Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, la frénésie des inconsciences humaines.


Aphones depuis longtemps, les verts remisés dans la galerie des heureux souvenirs ou aux vapeurs  lointaines d’un avenir sans certitude, leurs tiges mortes font un pauvre foin dans l’air qui vibre de trop grandes sécheresses.

Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, l’Homme et sa gabegie des ressources.


Ne reste que l’attente, le désert lui-même ne fleurit-il pas certains matins ?
Quelque part,  au cœur du cœur de leur nature, elles gardent mémoire de leur essence, et concentre leur fierté.
L’échine courbée, mais le cœur sûr , leurs larmes sont des appels à la conscience.



Elles pleurent la fin des saisons,
La brûlure sans fards des ardeurs incandescentes,

Et, pire que tout, la folie dépensière des activités humaines.


Un jour, peut-être,- qu’il est lointain le temps qui ne se conjugue qu’au passé, qui ne se pare que d’espoir sans horizons mesurés! -, elles me diront à nouveau leurs odeurs mouillées, des silences de lendemain de déluge. Elles exhaleront alors sous mes mains des relents de femmes aimées,  à la toison desquelles les doigts qui les parcourent s’emmêlent

Elles pleurent, les herbes, la fin des saisons,
Les brûlures de hasards et les accablantes chaleurs,

Et, pire que tout, dans la douloureuse fournaise, nos débonnaires et coupables inconsciences .


Le 18 Octobre 2017


                                                    Grande soif  et petits matins de pluie !


Elles respirent, ce matin, mes herbes mourantes ;
Sèches et cassantes, jusque-là, 
Elles crissaient de soif, dessous le pas.


Ce matin, au contraire, elles jubilent,
Abreuvées, enfin !


Le brin plaqué comme le cheveu au sortir du bain,
Vaillantes, elles ont traversé l’été si sec.
En leur cœur sans plus de vitalité. 
Toutes recroquevillées.
Réduites à leur essence, 
Elles concentraient jusqu’à leurs odeurs.


Ce matin, elles respirent, mes herbes!
Enfin, il pleut à verse.


Serge De La Torre

                                                          Matins voilés 


L'automne offre cela certains matins, ces volées de brouillards qui traînent et s'effilochent aux moindres obstacles. Mousseuse buée qui voile la plaine à des regards trop vifs.


Serge De La Torre (Octobre 2017)

Tapis d'intérieur ?


- Pas de tapis dans votre intérieur?

- Non, monsieur, moi, mon tapis est à l’extérieur.
Il est vert, tissé avec amour par la pluie, 
le soleil et la terre,
Brins de vie et de lumière
Un tapis doux et frais sous mes pieds nus,
Un tapis qui aime à être tondu,
N’a jamais de poussière,
Mais renferme tant de vies :
Mon tapis vert, c’est ma prairie!

Serge De La Torre (Septembre 2017)