vendredi 28 juillet 2017

L’œil du fayard est une icône


C’est au regard d’un homme que l’on connait son âme,

Il en est de même du chêne ou du fayard :






Si les arbres ont des âmes de bois,

Ils gardent des cœurs tendres de très vieux crocodiles
Et tatouent leur histoire en symboles et graphismes étranges

A même leur vieille peau d’écorce sèche et de sèves collantes.

Une existence entière se lit dans une simple souche






Chaque hiver, chaque été,
Rigueurs et sécheresses y laissent des traces qui grandissent,
Et lentement se déforment.

Un coup de hache,
Une branche brisée,
Tout y laisse son empreinte.
La moindre blessure s’écrit comme un possible arraché.


Les nœuds des arbres leur deviennent des yeux de malices,
Des bouches bavardes, ou encore d’expressifs moignons…
Ils parlent à nos rêves d’ailleurs lointains,
D’autrefois impossibles, d’improbables histoires….





Image proposée dans les pages de l'Herbier de Poésie par Susy S.

Ainsi, ce nœud d’arbre devient-il ici une icône.
Il nous parle de quelque roi noir antique,
Écrasé par son âge,
Déformé par sa charge.
Noble fortuné, il rayonne encore.

Mais que lui sert sa tiare ou sa toge cousue d’or,
Il est comme chacun :
Candidat à l’oubli ultime, déjà promis à la mort.
Son règne n’aura été qu’un rêve, tout juste une virgule :
Parenthèse ! Pauvre éclaircie dans la perpétuelle poussée des Vies.

le 28/07/2017
Serge De La Torre