mardi 24 mai 2016

Le Grand Canal


La ville est endormie encore, dans l’aube qui la veille.
Des nuages la dorlotent, quand déjà l’irise le soleil.
Tout à l’heure, arriveront les badauds : peuple folâtre,
Venu la mirer. Palais de princes, venelles de curés….
La ville-musée s’ouvre à la foule comme une mère à ses bébés.

Le Canal est tranquille : barques à touristes et gondoles,
Légères et presque immobiles, aux pontons sont arrimées.
Il a des allures de planche dessinée, ce matin,
Le Grand Canal de Venise, des parfums d’enfance,
De parme organdis, de sucres d’orge à sucer.
Sa douceur rose rappelle de foraines «barbes à Papa». 

Les maisons, filles peu sages s’agitent et se pressent,
A bras contre bras, leurs fenêtres plus closes que paupières
Sur les mystères, les amours, les mille secrets de leurs nuits.
Elles ont mis beau linge et atours Renaissance, 

Les balustres, frontons et graves arcades.
Ici, on vit dans l’aisance et les pieds éternellement mouillés.

Ville de mer et de foules, la vie à venir te fait comme une houle ;
Cité maternelle, les vols d’oiseaux, leurs rires et voix de têtes
Ne te feront jamais pousser que de pontifiants soupirs.

                                  Serge De La Torre Le 23/05/2016

http://www.ateliermagique.com/fr/galerieadt/galerie/canal-grande-venise.html

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dimanche 22 mai 2016

Philomèle


Philomèle n’a rien du poseur. Pas lui !
Pas du genre à plastronner dans des surcots de parade, ni à marcher sur les avant-scènes en vêtements de couleurs, plein d’arrogance, de couleurs et de fantaisies…
Non! Il est plutôt timide ! En tout cas discret dans sa chemise longue, parfois crème et sinon blanche. Et puis ce costume brun, croyez-moi, il en fera aussi bien son dimanche que son ordinaire.

N’allez pas, non plus, lui chercher une taille de guêpe qu’il n’a pas ; car si c’est d’un séducteur que je parle, il aime aussi ses aises.
Ses pectoraux rebondis, peut-être d’authentiques muscles - acquis à quelles luttes grandioses! (Allez savoir quand on a traversé la mer!)  Ils lui vont bien, au moins, jusqu’à la cuisse.
Il ne se cherche vraiment de finesse qu’aux extrêmes.
Oui, n’en déplaise à tous les lourdauds, il a la jambe fine et haute des danseurs étoiles, et il creuse généralement la cambrure qui met en valeur une queue de pie, souventes fois relevée.
Et enfin, à l’autre extrême, appointe cet organe qui le distingue de tous….
Long et presque pointu, c’est par là qu’il se fait apprécier, infatigable, de jour comme de nuit, il y goûte avec liberté ses jouissances artistiques aussi bien que ventrières.
Il n’a pourtant rien d’un noceur ou d’un balourd de table, plutôt un gobeur de buffets: trois miettes et quelques protéines lui font  un repas de noces…

Il préfère, généralement, l’ombrée hospitalière d’une végétation folle, voire la dissimulation d’un simple rosier, d’un tronc placide avec lequel  il fait facilement corps, et là, il peut enfin exercer son art.
Car c’est un artiste, Philomèle, n’en déplaise aux efficaces et aux soucieux du rentable.
Philomèle est un poète des  sons, oui, il improvise. Et pour dire des « Je t’aime » à sa façon,  il minaude de la voix, ce finaud musardeur. 
 Pire encore, s’il est possible, c’est un artiste amoureux !  Familier de la bohème -ou plutôt grand voyageur !-, il se laisse volontiers séduire par les charmes printaniers.
Et il y va, le gaillard, trillant ses amours et ses langueurs d’exilé comme on quête la pitié.
Oh ! Pas porté pour un sou à des idées. Non, ni même au sens de son infini discours, Philomèle, lui, il se suffit du vocabulaire d’une variation de hauteur mélodique autour de laquelle il sinue.
Il se complet à la polysémie de cette pétillance qu’il explore volontiers jusqu’à la perfection du modèle.
 En un  concerto  de phrases courtes et cristallines qu’il finit en point d’orgue, il dit avec patience :
 "Je suis là, entends-moi, belle!" 
Mieux même: 
"Réponds-moi, Amour ! ».
Et Philomène nous enivre, jusqu’à l’oubli, de dizaines d’envolées flûtées. 
Il vous étourdit jusqu’au profond des nuits, de répétitions en tonalités diverses, reprises, toutes, comme le soliste en quête de l’exact et parfait crescendo : gringotteries, oui ! Bien sûr ! 
Glissandos nocturnes aux accents flûtés.

Et pourtant, bientôt, Philomèle deviendra traître à sa nature. 
Oui, certains, jaloux sans doute de sa bonne fortune, diront même qu’il est un peu queutard. 
Il n’en est rien, bien sûr, ou s’il l’est, ce n’est pas plus que vous et moi.

Vous aviez fini par lui trouver chaque nuit, une voix, un timbre tout en parfaites nuances, le voici qui se tait maintenant,  dans tout ce noir d’insomnies qui s’adoucit du printemps qui finit …

Depuis quand ce silence, exactement ?
Pour oublier le frémissement tendu de ses vocalises, ses délices d’enamouré fragilisé de désir, Il lui aura suffi d’un irrésistible velouté  plumeux, de quelques tressaillantes voluptés.

Depuis, Philomène s’est installé en grave chargé d’âme.
 En tout cas, presque jaloux, il va, observateur prudent, posté dans le sillage des allées et venues de sa « choisie », toute occupée de meubler leur logis de fortune.
 Elle vous fait décor d’un rien, ou d’une feuille, parant, faute de moyens, les murs de leur unique pièce - salon, salle à manger, chambre et nurserie-, de quelques graminées glanées dans les champs alentour et posées en un limite désordre.  
Philomèle, disons-le tout net,  guette le signe : il attend qu’émergent de quatre à six grosses perles bleues, ovoïdes et tachetées d’ocre ses talents de père, d’utile nourricier.

Philomèle -en fait!- de chanteur, il ne l’aura été que le temps d’un désir!  
Sa vie de rossignol est plutôt, qu’on y regarde de tout près, celle du père-trouvère: en quête perpétuelle d’un bonheur qu'il ne sait chanter et qui comme un  horizon le fuit et lui échappe. 

Serge De La Torre (le 2 Mai 2016 à La Bégude de Mazenc)



     Photo de rossignol philomèle réalisée par mon ami Yves Gross (Photographe animalier)

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vendredi 20 mai 2016

Château d’eau en Westphalie

Forteresse de pierres, dressée au cœur des éléments,
Le Château d’eau Ahaus domine, de sa massive permanence,
Le cours d’eau qui tranquille baigne ses fondations :
Le flux paisible nourrit, au travers des siècles, son assise tranquille.

La force de la certitude, dans le couchant, pourtant,
Tranche sur des arrière-plans de mystères :
L’eau est ombre, et la nuit grandit, partout, alentour,
Matière palpable sous l’arche cochère et les voûtes du pont,
Elle se fait vagues enroulées dans les ourlets des nuages,
Ou espaces vides parmi les végétaux compacts énucléés.

La lumière  n’offre de couleurs qu’à la bâtisse de briques et d’ardoises.
Et ce n’est, encore, que par contraste, car l’« obscur »
Maille jusqu’aux murs de ses cernes, et puis strie les toits,
De fines lignes et glacées, de réguliers damiers bleus,
Léchés de reflets grisés : pâles tatouages humides...
 Il souligne jusqu’aux colonnes, lourdes sentinelles minérales,
Porteuses du joug, de la menace : elles exigent déférence et respect.

D’hommes, point ! Ils ne sont là que signifiés. Est-ce bien le meilleur !
Leur noblesse ? Parfois simple marque d’une position sociale,
Elle s’affiche sur un blason sculpté au  fronton de l’entrée!
Deux lions l’entourent de leur force, humanisée vigueur,
Et puis cette croix !  Signe de la foi, ancrage dans le culte d’occident,
Qui défend de sa fragile éternité, forgée dans le fer et posée sur l’ardoise des tours,
Contre l’angoissante incertitude des menaces que portent les vents :
Présent roulé en tempêtes qui, de loin, pousse vers nous un illisible futur.

                                                                              Serge De La Torre   (Le 19/05/2016)

                                            Poème inspiré d'une oeuvre à l'acrylique de Alvaro De Taddéo 


          http://www.ateliermagique.com/fr/galerieadt/galerie/wasserschloss-chateau-d-eau.html



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mercredi 11 mai 2016

Marie Madeleine, femme d’ombre et de Mystères



Elle se fond dans l’ombre des couloirs,
Le jour, comme un voile,la dissimule
Plutôt qu’il ne la révèle,
Fantomatique Sainte Madeleine !
Silhouette drapée, plus que femme ;

Marie Madeleine tient sur son sein
Quelque objet précieux : sa piété peut-être,
Ou bien ses deux mains en prière.

Elle n’a guère de visage, figure de nos propres errances.
Vieille ou bien jeune ? Elle a fait deuil des vanités ;
Deuil de sa joie lorsqu’elle est futile ;
De ses amours lorsqu’ils ne sont que toquades.
La Sainte découvre ce qu’est la transparence
A la Vie Heureuse, plutôt qu’à celle du grand train.
Elle se laisse éclairer du meilleur des possibles
Du meilleur, finalement, de sa propre nature.

A ses pieds, ce vase empli d’un baume précieux :
Elle en oindra les pieds de celui qu’elle révère.
Elle apprend à grandir de sa relation nouvelle à l’Aimé,
De son humble et nourricier oubli d’elle-même
Au profit de son intérieure Lumière.

                                                 Serge De La Torre
                                                     le 10/05/2016
                     
                                            Poème inspiré de Sainte Madeleine :
                                                      Oeuvre d'Alvaro De Taddéo
                                            (Artiste - Peintre de la région Bâloise (Suisse)

           http://www.ateliermagique.com/fr/galerieadt/galerie/sainte-madeleine-hl-magdalena.html

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Winter am Vater Rhein

                                                                  
                          http://www.ateliermagique.com/fr/galerieadt/galerie/winter-am-rhein.html

Oh! Rhin qui nourrit les terres de tes secrets, de tes ombres !
Me saisissent ces reflets noirs dans tes eaux sombres :
Elles semblent verser leurs flux en direction des berges murées de patience,
Y entrer par quelque bouche béante, masquée de végétation profuse.
Le noir irrigue les audaces végétales, d’artifices complexes.
Qu’ils sont loin, les verts tendres du printemps,
Les verts si mûrs et divers de l’été ! 
Si éloignés les flamboyances automnales !
Le blanc a colonisé la vie, il a unifié la ville à son cadre.
Tout n’est plus que lignes et courbes sauvages dans les jardins, 
Où elles donnent aux parcs des allures de choux fleurs en désordre,
Et aux végétaux du bord de l’eau des allures de chevelures pendantes,
Oh ! Pénitentes qui baignez, à genou sur les quais de pierres lisses,
Vos fantaisies capillaires à la coulée des eaux tranquilles du Vater Rhein ;
Juste derrière vous, les arbres, les uns aux autres serrés,
Montent une garde tutélaire, cachent jusqu’à leurs tremblements, 
Et vous masquent, aussi, aux yeux des ordinaires passants.
Gagnés de nuits et de fantasmatiques trainées nocturnes,
Ces fiers chevaliers font un dos rond au blanc qui les couronne. 
La cité se recroqueville, fait masse et bloc, 
De ses raideurs angulaires. Dans son écharpe neigeuse.
Plus rien n’est glorieux, sa force prospère a des allures de remparts,
Sa prière a des allures d’insolent orgueil,
L’hiver triomphe, et la froidure impose sa couleur,
Blanche et virginale grisaille, elle efface limites et barrières. 
Dans la nuée grasse, seul mouvement dans cette blancheur éteinte, 
Un vol d’oiseau déchire l’ouate céleste, grand-voile de pudeur fade, tendue au soleil 

                                                         Serge De la Torre
                                                             (11/05/2016)

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