lundi 16 novembre 2015

Où est Dieu, là où l’on sème l'horreur ?

Où est Dieu, là où l’on sème l'horreur ?



Je me suis longtemps demandé où était Dieu, quand les hommes mourraient dans l’horreur des guerres, dans les mouroirs khmers ou les camps nazis. Où est-il ? Dans le cœur des victimes ? Fuit-il celui des bourreaux ?
Je ne fréquente aujourd’hui ni temple, ni mosquée, ni église. J’ai plongé, des ans, au cœur de l’homme ordinaire, goûté  à ses aigreurs blessées. J’ai fréquenté la pensée de mon siècle et les plaies sanglantes des enfants troublés.
Ma route a croisé des sages, et ces rêves limpides  auxquelles aspirent les humains, j’ai fouillé ces  passions des âmes simples trop souvent promptes aux faciles colères.
Aujourd’hui, lorsque le ciel m’interroge, lorsqu’ on abreuve mon regard du feu tiré d’armes de guerre, du sang versé sur nos trottoirs,  je  demande des comptes
« Où était Dieu, ce vendredi soir, 13 novembre, à Paris ? ».
Je l’ai cherché aux portes du Stade de France, quand un badaud est mort fauché par la folie terroriste.
Je l’ai cherché dans  la voiture noire qui crachait à la même heure  la mort par grandes rafales.
Je l’ai cherché - qui peut savoir !-  caché sous les tables des terrasses, quand les premières balles ont crépité, que les conversations se sont tues dans l’incompréhensible horreur.
Je l’ai cherché au Bataclan mêlé aux dernières notes d’un rock métallique.
La foule communiait pourtant, quand les fusils d’assaut, au début, n’ont pas même  fait allure de canards.
Oui Dieu, où était-il ?
On faisait en son nom, pourtant (soit disant !) :  comme toujours et depuis des siècles,
Et lui, il s’en est apparemment lavé les mains : sans doute, occupé ailleurs par d’autres affaires du monde … Il n’y était pas. Il n’y a, en tout cas, rien fait.
Peut-être, parmi les victimes, certaines, un peu plus tôt, avaient-elles prié, « Jésus, Allah, Jéhovah ou Vishnou… ». Peut-être, d'ailleurs, n’avaient-ils pas priés!
Le ciel, ils ne le verront plus que de trop près : pour avoir simplement vécus libres, heureux, ensemble et debout.

Atteints près de  cinq cents, ils avaient à peine plus de trente ans. Ils s’appelaient Rémi, Lola, Jamila, Eric, Nohémi, Juan, Franck, Halima, Gilles, Marie ou Mathias…. » ou même Ismaël Omar.





Finalement, que nous importent ces Dieux.
 Ils se disent, chacun, si facilement uniques!
Et ceux qui les prient bêtement, finissent par le croire !

Non! Vraiment! Dieu ?
Surtout qu’on ne me parle pas de lui, aujourd’hui !
Il n’était aux côtés ni des innocents, puisqu’il ne les a pas sauvés des blessures criminelles, 
Il ne sera sans doute, pas même, dans la consolation des proches, ou dans celle des témoins rescapés, si un jour, ils la trouvent.
Il ne pouvait pas être non plus au côté des coupables.

Aucun Dieu ne  peut cautionner de telles horreurs.
Faut-il le chercher dans la vie, alors ?
Dans cette  vie qui ne s’arrêtera pas à ces morts .
Dans ce rêve, noirci par des horreurs perpétrées ?
Dans  cette conscience collective, trempée-meurtrie du sang versé, qui se cherche la force d'un sursaut et le courage de réponses à donner aux folies commises? 
Dans cette guerre qui vient et ces morts (encore!), qui toujours l'accompagnent?
Dans les souffrances, Oh! exigeante compagne du vivant?   
Dans ce sens que nous saurons finalement, peut-être, leur donner?

Nos victoires se mesureront à ce que nous construirons sur les cendres présentes, sur les ruines de nos humaines violences! 
Dieu, s'il veut nous être utile,  puisse-t-il,  au moins, nous laisser devenir plus sages que nous ne savons être aujourd’hui.