vendredi 19 décembre 2014

Complément à l’émotion et l’écriture

                                  

En prolongement de la réflexion donnée ci dessous:

http://instantsdecriture.blogspot.fr/2014/12/emotion-et-ecriture.html

Comme dirait Pierre Mezinsky dans « Métier Ecrivain » :

" UN ART QUI NE DIT RIEN, NE VAUT RIEN ! "
« Ce qu'il a à dire, c'est ce qui donne à un écrivain de l'âme et du feeling. C'est ce qui lui donne sa force et son pouvoir de toucher les autres », «ça peut-être l'écho d'une souffrance héritée de son histoire personnelle, ça peut-être une vision du monde originale, intense, douloureuse....aussi cruelle qu'un traumatisme. Mais souffrance ou vision, le travail de l'artiste c'est de transformer tout ça pour en faire quelque chose d'idéal, quelque chose (...) de vertical. Sa vision du monde bouleversante doit bouleverser le monde entier».

Jean Cocteau définissait la littérature comme « un cri écrit » soulignant ainsi l'importance à donner au message, mais aussi à la responsabilité que nous avons de la forme qui lui est donnée.
 Car dès qu’un auteur s'exprime et communique, le voici responsable.

L'écrivain crieur de vérité, ne peut se fourvoyer dans l'effet à trois sous, dans le plaisir narcissique de sa névrose et ne peut se complaire à y conduire à y vautrer son lecteur. Il a plutôt pour mission compatissante, s'il le peut, de l'en sortir.
«Il faut long entraînement de lecteur pour n'être pas mystifié, dupé, par de faux aveux, de fausses sincérités, de fausses visions du monde...Il est long à reconnaître le subtil vibrato en filigrane dans la voix, quand un auteur parle de ce qu'il connaît, de ce qu'il a vu, ce qu'il a vécu... Quand il n'est pas seulement en train de viser l'effet, de prendre une posture, de s'évertuer à imposer une idée de lui-même...» Pierre Mézinski
Il ajoute encore : « Hélas, dès qu'on s'écarte du souci de la forme, le cri (le cri -vain?) de l'écrivain), devient vite n'importe quoi » « Durant les dernières décennies du XXème siècle, les auteurs ont décidé qu'il suffirait de tout dire pour que leur production soit de la littérature. (...) On aurait pu s'attendre à je ne sais pas moi – des secrets du monde ! Au lieu de cela, on a eu le plus simplet des exhibitionnismes.(...) c'était ça, le « tout dire ». Tout dire, c'était le nombril … ou plus bas. (…) Le vrai cri écrit, c'est autre chose. ».

En fait : non pas la seule œuvre, mais l'humanité de son auteur.


« Vivons humain et après, peut-être écrivons !» P. Mézinski

jeudi 18 décembre 2014

Émotion et écriture

L’émotion et la douleur, moteur et matière de l’œuvre d’art
ou
l’écriture, forme et quintessence magnifiée de la douleur mise à distance.


                                                           
« Pour trouver la beauté, nous devons être honnêtes et ignorer la crainte. Nous devons avant toute chose être des hommes, l'artiste peut venir ensuite. » 
Ainsi s'exprime Hopper (peintre américain).
Comme beaucoup avant, et plus encore après lui, il semble relier l'aventure artistique (et celle de l'écriture en est une!), à une aventure humaine, une aventure intérieure, dirais-je.

A la base de l'écriture:

A la base de l’écriture se trouve l’envie et mieux le besoin d’écrire, mais d’où nous vient ce besoin, sinon d’un besoin de dire, de construire une expression à partir d’un vécu, d’une expérience, d’une émotion ou d’une douleur.

On ne peut vraiment écrire pour autrui, sans, dans une certaine mesure, s'être rencontré soi-même. Qui finalement peut parler de l'homme, sans parler en tant qu'homme (sans au moins avoir un regard sur lui-même), avant même que de prétendre connaître l'autre.
Qui écrit avec l'intelligence, ne touchera guère que l'intelligence de son lecteur. Il n’éveillera jamais que cela en lui. … Qui veut toucher son cœur, l'émouvoir plus profondément devra outre la technique littéraire (qu'il faut bien toute une vie exercer pour la parfaitement maîtriser!), accepter de se rencontrer soi-même en tant qu'homme, jusqu'en ses propres tréfonds.
Pour parler de souffrance, il faut bien savoir puiser à la sienne, l'avoir transformée, oubliée pour la mieux métamorphoser (en changer la forme et transposer son objet).
Mais quoi, au moins faut-il reconnaître l'existence de cette réalité sensible de soi, se reconnaître la capacité à être sensible ou du moins à avoir été capable de l'être....
Oui l'auteur pour grandir dans son art se doit de grandir dans l'art de se reconnaître lui-même, et de percevoir ses réactions à la réalité des autres: dans ses travers, ses faiblesses et ses limites, autant que dans ses prouesses, ses forces et ses courages.
Il lui faut se reconnaître dans la singularité de sa nature pour donner corps à sa voix, pour donner au travers de sa technique littéraire: une unicité à son expression, une singularité à son propos et un style (ce dont il habille ses personnages et leurs aventures dans les univers qu'il invente).
Bien sûr, on n'écrit pas pour se dire, mais pour l'autre, mais parlant pour l’autre, il est généralement  faux de dire que l’on ne dit rien de soi (Dans l’autobiographie, l’autofiction, mais aussi la fiction (pour le roman, voir par exemple Patrick Modiano et les analyses faites de son œuvre), pour le conte (voir toutes les analyses (psychologiques, ethnographiques, philosophiques…) qui ont été faites des symboles et figures qui s’y trouvent reprises) ;  pour la nouvelle, il ne fait pas non plus de doute que l’auteur doive, même en modifiant en structurant son émoi, d’abord en être capable et conscient.
Claude-Edmonde Magny dans son « homélie » à Jorge Semprum intitulée  « Lettre sur le pouvoir d'écrire » nous dit :
"Quand nous lisons Malte Laurids, nous avons l'impression que c'est tout simple et tout naturel à écrire, que Rilke n'a eu qu'à verser telles quelles les angoisses qu'il avait éprouvées à se promener dans les rues de Paris. Mais nous oublions quel effort intérieur, il lui a fallu pour arracher cette angoisse qui lui collait à la chair, la projeter hors de lui, et pouvoir enfin étaler au grand jour sa détresse" 

Citons encore C-E. Magny :
«  Keats parle dans un de ses poèmes de « l'aveugle purgatoire », fait de la contemplation impuissante de toute la souffrance qui est au monde, géhenne qu'il faut traverser pour devenir vraiment poète. »(...) Chez les écrivains qui n'ont pas réussi à s'élever au degré de vie intérieure à partir duquel la création devient possible, il n'y a jamais de « dessin dans la tapisserie », pas de message à communiquer au public, pas même un secret qui serait personnel à l'auteur(...) comme le fait Montherlant dans La Reine Morte ou Wilde dans son théâtre et plus encore dans Le portrait de M. W.H. : on ne rencontre rien que des gribouillages auxquels parfois l'ingéniosité humaine croit découvrir un sens. Ceux-là sont passés maîtres d'ailleurs, dans la coquetterie, dans l'art de suggérer, de faire supposer de la pensée ou de la profondeur là où il n'y a que du carton ; ou bien quand ils ont peur qu'on ne devine leur secret qui est de n'en pas avoir, ils se réfugient dans l'ésotérisme ; ils déclarent, comme Cocteau l'a fait pour Parade, que le vrai spectacle est à l'intérieur. Comme si le but de l’œuvre d'art n'était pas précisément l'exotérisme, comme si la littérature n'avait pas justement pour essence et devoir d'état le dévoilement, l'  « ostentation » de cette réalité intérieure que seul le mystique a le droit de taire ; comme si sa fonction n'était pas de faire la « parade » sur les tréteaux de foire, de manifester de façon éclatante le mystère auquel l'auteur a été admis. »

Est-ce à dire qu'il suffirait d'avoir effectué cette imagination active que représente le travail d'écriture pour l'autre, ou quelque puissante introspection pour se prétendre écrivain.
Non bien sûr que non!

                                                       
L'émotion et l'art d'écrire sont distincts:




L'attachement à l'émotionnel, au ressenti de l'auteur à son intériorité sanglante, son « intériorisme » risque même de conduire à un «poétisme »
C-E.Magny rajoute:
 « Il y faut une transmutation esthétique qu'on ne peut guère, sans doute, définir autrement que par son résultat. Elle dépend d'ailleurs plus souvent -et c'est l'injustice du sort- d'une rencontre heureuse que d'un perfectionnement volontaire. »
Faut-il pour autant se refuser une finesse, une sensibilité à son écriture par peur qu'il n’y transparaisse une immaturité dans la maîtrise de l'émotion ? Ce serait s'interdire un jour d’y parvenir, en se refusant d'y peiner, et de tenter d'y aboutir. Ecrire est un but, bien sûr ! Mais c'est aussi un chemin.
Chaque, scène rédigée, chaque passage pour parvenir à réaliser un projet de bonne tenue, peut devenir une occasion de progresser :

- non pas dans l'exploration de soi  (Cela la vie et un journal, voir une attention consciente à ce qu'elle nous donne de joies et de malheurs ou une thérapie peuvent y suffire)-  mais à une quête toute aussi nécessaire pour transmuer à l'occasion nous le propose, dans les écrits que l'on projette ce vécu heureux, autant que le douloureux, par décontextualisation et transposition projective : transmutation du plomb en or, du vécu humain, donc, dans son projet d'écriture !

Nul ne donnera de la grandeur à un héros sans avoir exploré du moins l'embryon de la sienne, comme nul ne donnera de la bassesse à un personnage sans connaître et sans avoir été capable de reconnaître les traces de sa propre « ombre ».

Et Claude-Edmonde Magny de rajouter :
« On ne peut pas écrire avec l'intelligence seule. On ne peut faire quelque chose de réussi que lorsqu'on écrit comme le fit Balzac avec l'être tout entier- mais cela suppose que l'on soit un « être entier »- c'est à dire qu'on ait réussi à intégrer en un tout unique toutes ses acquisitions psychologiques ou spirituelles, à « s'ajouter son expérience ». (…)  "La littérature est possible seulement au terme d'une première ascèse et comme résultat de cet exercice par quoi l'individu transforme et assimile des souvenirs douloureux, en même temps qu'il se construit une personnalité.(...) De ceci tout le monde tombe d'accord pour la poésie, ; mais c'est au moins aussi vrai pour le roman. La traversée de l'«aveugle purgatoire » est indispensable dans les deux cas ; aux romanciers qui n'y ont pas consenti, il manquera quelque chose. Leur œuvre gardera je ne sais quoi de sec et de superficiel et s'ils veulent feindre l'émotion, il manquera toujours quelque chose. C'est de l'extérieur qu'ils décriront la souffrance humaine. La seule différence entre poésie et roman réside dans ceci que le poète doit avoir complètement effectué sa traversée pour atteindre la sévérité poétique. (...)De ce purgatoire et de cette obscurité, de ce doute et de ce désespoir qu'il a traversés alors, il restera à ses vers les plus impassibles comme une sourde vibration.(...) A la limite, l'expérience subjective est si bien transmuée que l'homme disparaît complètement derrière sa création. (…) Le romancier, lui, pourra demeurer quelque peu engagé dans l'aveugle purgatoire ; dans son œuvre continuera à battre la « trouble pulsation de l'humaine misère », comme dit à peu près Matthew Arnold. (…) Mais nous serons sûrs, en tout cas que nous avons en face de nous un "homme" 
La philosophe amie de Semprun nous dit encore :
« Aux deux pôles de la création littéraire, il y a des œuvres trop subjectives, le lambeau de chair tout saignant et palpitant encore qu'on vient de s'arracher ; et d'autres part les œuvres sèches, qui font semblant d'avoir un contenu humain. Les premières sont écrites seulement avec la sensibilité. »
D'autres en manquent.

L' écriture comme chemin

L'auteure de la Lettre à Semprun, ajoute :
« L'effort d'intégration qu'il faut accomplir est peut-être plus indispensable encore à la prose qu'à la poésie, plus dur aussi parce que l'expérience à intégrer est plus totale : le poème peut naître de façon uniquement formelle, par la seule grâce du langage comme une gemme ou un cristal, mais la prose ne peut exister qu'elle ne charrie avec elle une lourde masse d'expérience humaine : il lui faut être enracinée dans l'humain, sous peine de n'être point.(...) En faisant de la poésie, on est toujours aidé et même emporté par le rythme des choses extérieures ; car la cadence lyrique est celle de la nature : des eaux, du vent, de la nuit. Mais pour rythmer la prose, il faut s'approfondir en soi-même et trouver le rythme « anonyme et multiple du sang », ce n'est pas celui de l'homme individuel, subjectif, encombré de petites particularités et préoccupé du souci de sa différence : c'est celui de l'être qui a enfin atteint à la « pureté du cœur » au sens où Kierkegaard prend le mot « pureté », lorsqu'il écrit « être pur, c'est vouloir une seule chose ».

D'aucun m'objecteront que leur genre de prédilection, leur type de littérature ne nécessite rien de cette pleurnicheuse sensibilité de l'humanisme, de la réalité de l'homme dans leur écriture.
Oh ! Je ne juge nullement cette position, je ne la partage simplement pas : c'est bien encore là, une belle preuve d'humanité, que cette position parfois arque-boutée contre toute une part de soi-même et finalement de la richesse de l'homme, voir même de la richesse du partage littéraire.

J'assume assez bien pour ma part d'adjoindre à l'apparent et mâle clinquant des savoirs et de la rationalité, cette part de perception et d'expression que notre culture dirait plutôt féminine, elle m’apparaît en réalité simplement complémentaire et humanisante et en cela, elle n'est réservée à aucun genre (ni littéraire, ni sexuel).

 Elle est un potentiel de l'espèce outre ses genres.

jeudi 13 novembre 2014

Qu’est ce qu’un auteur, et vers quoi va l’écrivant en atelier ?


Il ne me viendrait pas à l’idée de m’interroger sur ce qu’est un auteur sur le plan sociologique (ce serait sans intérêt et d’autres répondent à la question bien mieux que moi), Moins encore d'être exhaustif sur le sujet. En revanche, il m’importe de savoir ce qui fait qu’un individu (femme ou homme), se tourne vers sa pratique de l’écriture pour définir sa nature ?

Qu’est ce qui fait qu’une personne trouve son expérience de la production de textes suffisamment importante pour qu’elle lui offre de la définir ?
Je pourrais dire qu’un auteur (en littérature) est une personne qui créée, qui invente du texte, des histoires peut-être, de l’écrit en tout cas.
Je pourrais compléter en disant qu’il écrit pour d’autres, qu’il est un porte-voix et qu’il exprime par sa sensibilité, sa vision originale des choses, en lui donnant une forme acceptable ou lisible par ses lecteurs.
Il est un chercheur singulier, créateur à partir des tréfonds de sa propre expérience de la vie, de ce qui peut toucher, émouvoir et intéresser ses contemporains  
En fait, chaque fois que nous écrivons (ou au moins dans les meilleurs moments de notre écriture), nous vivons une expérience originale, qui nous fait aller au-delà de ce que nous étions avant ce temps de création, de ce que nous pouvions, de ce que nous savions par expérience être nous-mêmes et la vie.
Je vous rappelle la phrase de Marguerite Duras.
« Si on savait quelque chose de ce qu’on va écrire, avant de le faire, c'est-à-dire avant d’écrire, on n’écrirait jamais. Ce ne serait pas la peine. »
L’écriture (ce que produit l’auteur !) est toujours devant l’auteur, c’est l’auteur tel qu’il se découvre dans le travail d’écriture.
Il n’y a rien de plus intéressant que de se relire pour se découvrir, sauf peut-être d’être lu et commenté par ses lecteurs (ou des auditeurs) ou interrogé par eux sur le sens de son écriture.
Car, chacune de ces lectures ou chacune des écoutes de l’autre) est de nature, éventuellement, à enrichir la lecture que l’on fait de soi-même et de son expérience (de la vie, des autres, de la société telle qu’on la vit,…) au travers de son écriture.

                                                

Je vous renvoie ici à un lien vers le blog que j’alimente assez irrégulièrement depuis quelques années :

De ce texte, je ne veux retenir que quelques phrases que j’affirme pour moi-même, au moins, haut et fort :
« Lorsque nous écrivons, nous puisons parfois à des idées infimes, des impressions fugaces, des bouts de fantasmes vagues, parfois de simples filoches de visions ou projets.
Et nous tentons de les mettre en forme.
Ce faisant, c'est de la conscience, c'est de la culture et de la vie que nous créons à partir de si peu. » Serge De La Torre



 Nous avons tous appris à écrire, nous écrivons donc tous, mais nous écrivons-nous tous ?

Nous avons appris dans nos écoles à donner de l'écriture, à donner même parfois une forme donnée, à structurer un langage pour le rendre conforme à un langage attendu, à mettre des mots dans un ordre et une signification acceptable (un ordre plus ou moins juste, sensé, cohérent et correct selon ses critères (orthographe, grammaire, correction de la langue, pertinence par rapport à la pensée dominante en vogue….)
Ainsi avons nous tous appris à écrire, mais souvent nous avons oublié de nous dire par l'écriture, c'est même la dernière chose que l'on attendait de nous.
Combien de fois la formule « Trop personnel ! »  n’apparaissait-elle pas dans les productions des enfants, jusqu'à il y a peu ?
L’homme lettré écrit, l’enfant spontanément s’exprime par écrit, l’adulte mûr peut s’écrire lui-même et finir par se dire et se trouver au travers de ce qu’il écrit, quelque part se prendre lui-même comme sujet d’écriture (même sans forcément ou sans jamais parler de sa propre existence).
Au travers de son objet d’écriture, de sa forme d’écriture, de ses choix de personnages, de ses choix de schémas narratifs, c’est l’originalité de son point de vue sur le monde, l’originalité de sa sensibilité qu’il va rendre perceptible à ceux à qui il s’adresse et à lui-même en premier
(L’auteur, car il se relit est toujours son premier lecteur, il doit même s’appliquer à n’être pas le plus tendre.)


Nous avons une responsabilité dans ce que nous écrivons, mais surtout dans ce que nous élaborons à partir de notre besoin naturel d’écrire.
Vis-à-vis de l’extérieur, mais surtout une responsabilité de découverte et d’enrichissement.
Chaque consigne en atelier, chaque difficulté qui est à surmonter dans l’écriture est la plus belle des occasions de progresser et de nous découvrir dans nos faiblesses, dans nos richesses, dans nos vertus et nos besoins.
Cela peut ne pas être à priori facile, mais quelle victoire que de dépasser nos empêchements, quelle surprise que cette découverte, que cette liberté qui soudain dépasse le mot écrit et, toute à une parole qui n’a plus les traces de sa naissance, n'a seulement que la luminosité de son origine.
Ce "tréfonds mystérieux et libre" en nous mêmes. 

« Accéder à la production d’un texte à partir d’une consigne, c’est se trouver lancé vers un au delà du présent, inconnu. »


Alors pour conclure, sans trop en écrire et sans vouloir vous donner un vertige qui ne soit compensé par une pratique et un exercice concret d’écriture, je vous propose la petite consigne suivante, à faire quand vous le voulez, à essayer dans le silence de la promenade dominicale ou dans le petit bout de chemin qui vous conduit de la porte d’entrée de votre chez vous jusqu'à, par exemple, la station de tri sélectif :

« Marchez et à chaque pas sentez ! Usez ou concentrez-vous sur vos cinq sens.
 Et soyez conscient de ce que vous sentez (sous vos pieds, dans votre main, de l’air qui vous entoure, des diverses odeurs qui vous touchent …) de ce que vous entendez (les oiseaux, le vent, le soudain silence…), de ce que vous touchez (l’objet certes, sa nature, mais surtout ce goût singulier du contact (touchez une table de vieux bois, n’est en rien comparable au toucher d’un banc de pierre ou d’une chaine de balancelle…), de ce que vous goutez au travers de chacun de vos sens et sur toute la surface de votre corps.
Vous pouvez même pour souligner votre expérience sensorielle, user d’un verbe que vous vous direz intérieurement, avant de replonger vers l’expérience de l’attention à vos sens :
« Voir » lorsque c’est votre vue qui est sollicitée
« Entendre » lorsque c’est votre ouïe qui est captée
 « Toucher » et/ou « Sentir »   lorsque c’est votre toucher ou votre odorat qui sont sollicités
« Goûter » lorsque vous apparait comme dominant la sensation de la langue contre vos dents, le palais ou la salive qui remplit votre bouche.
Si par hasard votre pensée reprenait le dessus et vous accaparait dites simplement «Penser » et revenez tranquillement à la conscience de vos sensations.

Faites tranquillement l’exercice précédent plusieurs fois, vous n’avez besoin que de peu de temps, en revanche, sans doute d’un peu de volonté et d’attention.

Puis gardant l’ambiance qui était la vôtre durant ces petits temps d’exercice, rentrez chez vous et écrivez un petit texte, librement (si vous y parvenez) ou bien,  usez des débuts de phrases que je vous offre.
Ce texte devra être très libre, amusez vous des mots qui vous viennent, laissez-vous par eux surprendre et ravir, osez des images, des sentiments, des impressions et des associations de mots frappants ou naturels

J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai entendu…..
J’ai entendu….
J’ai entendu….
J’ai entendu….
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…

Ce texte gardez le jusqu’à notre prochaine rencontre, vous pourrez le partager, l’offrir à tous comme une carte de visite.
Ne cherchez pas l’exploit, juste le naturel et le poli, vous avez bien sûr le droit de relire le texte spontané que vous aurez produit, pour vous-même et même vous aurez le droit dans un deuxième temps de le rendre plus présentable, mais veillez à ne pas en ternir l’essence, l’émotion et la finesse de votre vécu.
Il se trouve déjà dans vos mots.
Bonne expérience.

Vous pouvez également retrouver cette consigne (avec les phrases de Virginia Woolf qui l'ont inspirée), en suivant le lien ci-dessous:

http://instantsdecriture.blogspot.fr/2014/11/ecrire-dans-lesprit-de-virginia-woolf.html

mardi 11 novembre 2014

Ecrire dans l’esprit de Virginia Woolf ?



Dans  l'introduction de l’ouvrage « L’écrivain et la vie », Elise Argaud dit au sujet de la pratique de Virginia Woolf en tant qu'auteure :

L'un des principes unificateurs qui fondent ses textes est le primat de l'expérience :

« Loin d'être un monde hors du monde, une façon de s'abstraire et une abstraction, l'expérience littéraire est une plongée du langage au cœur de la vie »

[L'expérience littéraire est une plongée du langage au cœur de la vie.
Fort superbe affirmation !]

On apprend quelques pages plus loin que Virginia Woolf accorde une grande place aux impressions, sur la mise en relation libre, non pas de principes définis à priori, mais de ses sensations.

[Au sujet des mots, sa pensée est intéressante aussi :]

« Les mots sont inutiles [(en eux-mêmes faudrait-il préciser !)] : le langage procède par associations d'idées, d'impressions : tout mot peut déclencher une cascade d'autres mots, peut entrainer cette variété infinie que toute la littérature ne réalise qu'en partie. »
Plus loin :
« Les mots sont le miroir de leur auteur, de sa vie personnelle, malgré lui et avant même leur signification propre ».
« Là, partout, tantôt cachée, tantôt visible dans ce qui est écrit se trouve l'empreinte d'un être humain »

« Ils ont parfois créé des images si frappantes que les mots qui les composent semblent devenir indissociables. »
« Pour que les mots puissent aussi refléter le monde et en donner une vision inédite, il faut à tout prix préserver leur liberté et les combiner de façon neuve et vivante »
« Toute création en mots doit laisser place à l'imagination du lecteur en ménageant l'implicite »

« L'écrivain a pour tâche de sélectionner un aspect et de faire en sorte qu'il en évoque vingt » (V. Woolf)

« L'économie de moyens va de pair avec un pouvoir suggestif accru et une sollicitation active du lecteur »

[En substance : ]
« Le Grand Art consiste à ouvrir le lecteur par les mots sans l'enfermer dans un sens des mots qui l'empêche d'être sensible à tous les autres sens et à toutes les autres expériences possibles »

 Je vous propose donc le petit exercice suivant :

à faire quand vous le voulez, 
à essayer dans le silence de la promenade dominicale ou dans le petit bout de chemin qui vous conduit de la porte d’entrée de votre « chez vous » jusqu'à, par exemple, la station de tri sélectif du coin de votre rue……. :

« Marchez et à chaque pas sentez ! Usez de (ou concentrez-vous sur) vos cinq sens.
 Et soyez conscient de ce que vous sentez (sous vos pieds, dans votre main, de l’air qui vous entoure, des diverses odeurs qui vous touchent …) de ce que vous entendez (les oiseaux, le vent, le soudain silence…), de ce que vous touchez (l’objet certes, sa nature, mais surtout ce goût singulier du contact (touchez une table de vieux bois, n’est en rien comparable au toucher d’un banc de pierre ou d’une chaîne de balancelle…), de ce que vous goutez au travers de chacun de vos sens et sur toute la surface de votre corps.
Vous pouvez même pour souligner votre expérience sensorielle, user d’un verbe que vous vous direz intérieurement, avant de replonger vers l’expérience de l’attention à vos sens :
« Voir » lorsque c’est votre vue qui est sollicitée
« Entendre » lorsque c’est votre ouïe qui est captée
 « Toucher » et/ou « Sentir »   lorsque c’est votre toucher ou votre odorat qui sont sollicités
« Goûter » lorsque vous apparaît  comme dominante la sensation de la langue contre vos dents, le palais ou la salive qui remplit votre bouche....
Si par hasard votre pensée reprenait le dessus et vous accaparait dites simplement «Penser » et revenez tranquillement à la conscience de vos sensations....

Faites tranquillement l’exercice précédent plusieurs fois, vous n’avez besoin que de peu de temps, en revanche, sans doute d’un peu de volonté et d’attention à vous-mêmes.

Puis gardant l’ambiance qui était la vôtre durant ces petits temps d’exercice, rentrez chez vous et écrivez un petit texte, librement (si vous y parvenez) ou bien,  usez des débuts de phrases que je vous offre.
Ce texte devra être très libre, amusez vous des mots qui vous viennent, laissez-vous par eux surprendre et ravir, osez des images, des sentiments, des impressions et des associations de mots frappants ou naturels

J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai senti……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai vu ……
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai goûté…
J’ai entendu…..
J’ai entendu….
J’ai entendu….
J’ai entendu….
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…
J’ai perçu ma pensée comme…

Ne cherchez pas l’exploit, juste le naturel et le « poli » (celui de la pierre roulée par le ruisseau et non pas le « poli » des gens de salon qui se retiennent d’être et d’oser, vous avez bien sûr le droit de relire le texte spontané que vous aurez produit… pour vous-même
Et même, vous aurez le droit dans un deuxième temps de le rendre plus présentable, mais veillez à ne pas en ternir l’essence, l’émotion ou la finesse de votre vécu.
Elles se trouvent déjà dans vos mots premiers.
Et souvent, à vouloir bien faire, on brise la beauté de l’inspiration originelle.
                                     

Bonne expérience.

dimanche 2 novembre 2014

Premiers pas...


« Ah ça ! En formation, on ne nous avait vraiment pas tout dit ! »
En fait d'expérience, rien ne remplacera jamais cet abrupt plongeon parmi la trentaine de têtes d' « anges » que constituent une classe de maternelle. Petites demoiselles, petits messieurs ! Trente têtes ovales, rondes ou pointues ! Blondes, brunes ou bien même rousses ! Frisées, tondues, ébouriffées ou bien lisses comme des pistes de ski. Têtes à croquer ! Oui ! Mais parfois têtes à poux ou même têtes brûlées...
J' étais plus nerveuse, au matin de cette première journée de classe du mois de janvier qu'à la veille de mon premier rendez vous amoureux.  Premier stage en responsabilité qu'ils appelaient ça les profs de la formation ! Personne ne devrait jamais se croire prêt à une telle aventure!
Les aimer, ces « mouflets », ne fait pas tout !
« Et si je ne savais pas trouver les mots ? »
J'en avais déjà connus des dizaines et des dizaines d'enfants, mais ceux-là, seraient-ils les mêmes ? « Saurais-je tous les captiver ? »
Peut-on avoir tant peur de ce petit monde !
Ne serait-ce pas, aussi un peu, avoir peur de soi ?
Et dire que j'avais bataillé dur pour en être là! Plus cinq, Messieurs, dames, après le bac ! Oui ! Plus cinq !
Les colos, bien sûr, chaque été, pour me faire la main.
Et le concours ! Tenté trois années de suite avant de le réussir !Une place pour cent candidats...
Et finalement, mon rêve, enfin, à portée !
Mais dans cette aube froide, endimanchée comme pour une première boum, je tremblais plus qu'une Tour Eiffel en gelée.
« Ah ça, je n'étais pas fière ! Mais je ferai face ! »
 Fébrile parmi des collègues chevronnées et protectrices !
Les vœux à peine échangés, ces dures à cuire de la petite enfance faisaient déjà des projets  grandioses pour les semaines à venir, quand je n'arrivais, moi, même pas à penser l'heure à venir.
Apparaissent finalement les enfants !
Je m'élance, étrangement sûre de moi, cette fois !
Ces vacances de Noël - des heures et des heures de préparation de classe, à imaginer et penser chaque moment du jour et à les écrire- , me tiennent debout.
Et maintenant, il s'agit dans l'action, d'inscrire les connaissances apprises à l'Institut de Formation des Maîtres.
S'absorber dans les petits actes, pour éviter de penser, donc de craindre.
Rituel de l'accueil des parents : « Réussi ! »
Premier contact avec les enfants : « Cinq sur cinq ! »
La matinée avance.
Un rêve ! 
Bien sur, ça chahute, ce petit monde, sans doute plus qu'il ne faudrait.
Je tourne comme une phalène devant la lumière, comme une toupie propulsée sur la piste par un joueur fou.
Répondre à dix questions posées ensemble, redresser tout ce qui dérape, essayer de réaliser mon programme tel que je l'ai prévu, tout en sauvant mon bel habit de nouvelle maîtresse.

« Et oui, je l'ai évité, haut la main, ce pinceau plein de couleur mauve passé à deux doigts de ma jupe claire ! Et non, zut, je ne l'ai pas vu venir, ce méchant coup de feutre bien rouge qui fait une cicatrice en zigzag sur mon corsage trempé de sueur anxieuse...
C'est sûr, demain  vieux jeans et chemisier foncé.
J'apprends vite !
Je finirais bien par être une bonne institutrice ! »
Et Paul qui pleure !
Face brune et sourire ravi, il vient, tout morveux, se lover contre ma jambe , comme on s'accroche à une incertaine bouée. 
- Mais oui, Paul! Je finis juste de montrer à Claire, comment faire des  boucles sur sa couronne des rois....
Mehdi lui, n'est pas bien.
Dans son coin, il ne bouge pas !
Il veut « sa vraie maîtresse », celle que je remplace.
« Et moi, je suis quoi ? »
Je m'approche, tente de l'apprivoiser...
Malade oui !
Il vient de cracher ses poumons en feu, à deux doigts de mon visage.
Et si demain, j'étais au lit !?

Moment commun de langage : « Parfait ! »
Et puis chants, galopades et galipettes en salle de jeux. « Ça baigne ! ».  Ouf !
Arrive enfin l'heure de la récréation. « Ah! Que je suis fière! Que je suis bonne! Une vraie pro! J'ai, sans doute, fait le plus dur: démarrer!»

Coupable arrogance ! Voici le pire !
Séance d'habillage ! Trente têtes ensemble à attendre qu'on les aide à enfiler bonnet et manteau. Et  le double de pieds à chausser en urgence.
-        On est pressés, maîtresse ! le goûter et la course...
-        Eh ! Les copains, il neige !
A celle-ci, les boutons, à d'autres la fermeture éclair, aux derniers les lacets, le cache-nez ou bien encore les gants.
« Gardez-vous à gauche, maîtresse et gardez-vous à droite ! »
Je ferraille en tout sens, mieux que Jean le Bon, Roi de France à la bataille de Poitiers en 1356....

Tiens, la tornade est passée. Étourdie et soulagée, je regarde autour de moi.
 Presque plus personne.
« J'ai encore gagné. »
Ne reste... qu' Eric !
Ah ! Eric !
 Ben oui ! Forcément Eric !
La maîtresse en titre m'en a parlé :
« Un peu simple dans sa tête ! Attachant, mais bien difficile à cerner !
Ne parle presque pas !
Vit dans son monde, semble ne pas vraiment avoir atterri dans le nôtre... »
« Alors, ne pas se laisser abattre ! Je suis sûre que ça ne doit pas être si difficile de le sortir de sa placide torpeur. »
Quel est le problème?
- Allons !? Pourquoi pleures-tu, bonhomme ?
Ah oui ! les bottes !
 Il ne bouge pas d'un poils : une vraie méduse sur une plage ; échouée, mais en bien plus beau : des yeux bleu-lagon, les cheveux blonds et rares où tournicotent, pourtant, quelques accroche-cœurs, et au sommet du crane...un épi.
Son visage est presque aussi rond qu' une galette et des tâches de rousseur sur son nez font comme des points sur un dos de coccinelle.
Craquant !
- Mais non ! T'inquiète ! On va y arriver! Ensemble, tous les deux!
Toi, tu te fais dur dans la jambe et moi....
-        Allez ! Je pousse !
-        ...
- Oui, d'accord ! En effet !
Je le regarde dans les yeux.
Pas vraiment le temps de voir ce que font mes mains.
Ce moment est important, je le sais.
C'est un de ces instants précieux, de ces temps privilégiés où le contact avec l'enfant se noue.
Alors je pousse ! Et intérieurement je peste !
«Vraiment dures à enfiler! »
Eric bascule sur le côté, déséquilibré par mon effort.
« Persister, je ne peux, ne dois pas faillir ! Si sa mère y arrive chaque jour, je dois y arriver aussi. » Il en va de ma crédibilité auprès de lui...
Eric me jette un drôle de regard. Que veut-il donc me dire ?
Je m'étonne, ne comprends pas, mais je continue de le regarder.
« Notre relation, ces prochaines semaines, dépendra sans doute de ce tête à tête muet, de ce discours de ses yeux aux miens, de mon cœur à son cœur comme disent les sages d'orient. »
-Ta maman devra bientôt t'en racheter, tu sais....
Intérieurement, je bous !
« Comment peut-on mettre des bottes pareilles à son enfant. Mère indigne ! Et qui est-ce qui n'aura qu'une misère de récré ?
Lui et moi ! Peuvent pas nous faciliter la tâche, les parents ?
… pensent même pas à leurs petits.... »
...  «Une vraie pro ! »
Je me surprend à pester déjà comme une vieille institutrice fatiguée !
Finalement, dans une dernière grimace...dans un cri...
Le mien en tout cas ! Les bottes cèdent.
« J'ai réussi ! »
-        Mais tu vois, on y est arrivés tous les deux ! On est forts nous, hein !
Eric ne se lève pas.
Éberluée !
« Pas plus d'enthousiasme !? Même pas reconnaissant, rien ! »
Il regarde ses pieds, comme ahuri !
Toujours pas un mot !
Et des larmes qui montent à ses yeux.
-        Maicresse !L'envers !
«Quand même pas possible !? »
Je me penche.
« Ben si ! Il a raison, le bougre ! Suis-je sotte!.... Ouh ! Ma chère, là t'as pas été fortiche, hein ! »
-        Bravo, c'est bien Eric ! Tu sais l'envers et l'endroit !
Mais, à propos, il a parlé. 
« Je progresse peut-être ? Quelque chose qui s'est ouvert ?! Un « je-ne-sais-quoi » qui s'est noué entre lui et moi. Qui sait ?
 On nous l'a appris à l'Institut de formation »:
           «  Parfois un déclic, ça tient à un mot, un geste ! Et soudain, les enfants vous donnent          leur confiance, et tout est là ensuite pour construire un chemin de connaissances. »
« Je m'y remets ! Reste, après tout, plus qu'à faire l'opération à l'envers. »
Deux nouvelles minutes à tirer dans tous les sens, pour libérer ces deux petits pieds, qui doivent souhaiter qu'enfin on cesse.
« Bon, cette fois, ça y est ! Plus qu'à reprendre les choses du début !
Ah ! Que j'ai été sotte ! Et il a fallu que ça tombe sur Eric..... »
-       Botte droite pour le pied droit, botte gauche pour le pied gauche !
Cette fois, je suis toute à mes bottes.
« Plus de sages d'orient, plus de chemins du savoir. »
Je fais bien encore, un peu, la savante...faut bien se rattraper aux branches comme on peut.
J'essaye de montrer à ce petit regard plein de rêves et d' infinis mystères, que ce n'est pas pour rien que je suis là, que je suis sa « maicresse ».
Sous entendu :
« Tu sais, c'est parce que je sais plein de choses que je suis maîtresse.
T'inquiète, je saurais t'aider à grandir dans ta tête! » 
Une nouvelle minute d'effort.
Je transpire ! Encore !
Je mets les doigts entre le mollet et la botte, des fois que ça glisse mieux, mais non : c'est pire ! Visiblement, ça serre !
Le visage d'Eric se tend. Quelque chose comme de l'inquiétude y est lisible.
Finalement l'une des deux bottes est passée. « J'aurai bien l'autre ! Foi de moi ! »
« Demain, ne pas oublier d'amener un long chausse-pied de la maison, sait-on jamais... ! »
Je comprends mieux tous ces petits trucs et ces astuces des vieilles collègues, ces baroudeuses de la prime enfance.
J'en ai vu qui faisaient les poubelles du quartier, pendant le week-end pour préparer les séances de travaux manuels de la semaine. 
Tu sais : « Rien ne se perd : tout se crée et se transforme en maternelle.»
L'autre botte résiste un moment, mais je tiens le bon bout.
« Je commence à les apprivoiser, ces fichues bottes ! Déjà pas mal usées d'ailleurs ! 
Ouf ! Ça y est ! C'est fait ! »
-        Je te boutonne le manteau, et puis tu pourras y aller !
-        Pas mes bottes, maicresse ! Pas mes bottes à moi !
« Quoi ! Mais il se moque de moi ce petit, c'est pas possible ! Cette fois, je vais craquer, c'est sûr je vais craquer. »
Je me lève pourtant, je cherche partout.
Ce serait donc ça !
            « Normal qu'elles soient dures à mettre, si c'est pas les siennes. »
 Dans le vide du couloir, je cherche à quatre pattes sous le petit banc de bois à casiers, où il pourrait y avoir une autre paire.
En tout cas, je ne les lui enlèverai pas avant d'avoir trouvé par quoi les remplacer.
Eric me regarde.
« Je dois être très respectable, tiens ! A quatre pattes, la croupe en l'air ! L'air perdue! à chercher ses bottes. »
 Mais rien !
« Ce n'est quand même pas possible, que l'un des vingt neuf autres ait pris, par inadvertance, les bottes d'Eric.
Il doit nager dedans. Ça c'est sûr !
Je ne peux, quand même pas, enquêter dans toute la cour.
Cent quatre-vingt enfants en tout dans l'école !
C'en est fini de ma récré. Il n'y a plus de doute !
Et dire qu'en plus de tout cela, demain, je devrai assurer la surveillance à la récré. »
-        Tu es sûr qu'elles ne sont pas à toi ?
-        Bottes, grand-frère ! Maman veut que Eric mettre !
 « Mais il va me rendre folle, ce mistouflet !Chèvre ! Je ne vais pas passer la récré, c'est sûr ! »
« C'est donc ça le métier d'Instit !
Ah, bravo, le rêve ! RRRaw !... » fait la rageuse en moi.
La « Pro » heureusement tempère : «  Déjà à terre ma vieille ! T'iras pas loin, si tu te laisses abattre par une petite paire de bottes et un enfant dont la pensée a besoin de deux minutes pour arriver au cerveau... ».
« Yes !La « Pro » amorce le virage en tête et l'emporte ».
-        Ah ! D'accord ! Elles sont à ton grand frère ! Et ta maman, elle veut que tu les mettes, maintenant. C'est ça ?
Eric sourit.
« Ça vaut, sans doute, une réponse ! »
-        Allez ! Lève-toi maintenant que je finisse de te boutonner, ça va bientôt sonner !
Eric tente de se lever. Il manque tomber ! Je le rattrape de justesse.
« Mais qu'est ce qui lui arrive. Il ne tient pas debout, en plus ?
Une équipe de suivi s'impose en urgence pour ce petit !
J'ai déjà le projet de suivi en tête : Suivi orthophonique renforcé, suivi psychomoteur et sans doute recours à aide individuelle permanente.
Faudra bien ça ! C'est pas possible ! il les cumule les problèmes... Le pauvre ! »
-        Et bien, Eric, que se passe-t-il ?
-        Gants, maicresse ! Gants !
Il  s'est remis assis.
Il s'est, en fait, laissé choir, plus qu'il ne s'est assis.
« Bon, ça vaut peut-être mieux. Ça aussi, il me va donc falloir les chercher ? »
Et rebelote.
À quatre pattes ! Cherchant derrière les tabliers abandonnés en vrac par ces enfants qui crient, heureux, dans le froid, sans égard pour ma misère.
Cette fois, j'ai plus du tout envie qu'Eric lise dans mon cœur.
« Vaut mieux pas ! Plutôt envie de pleurer, ou de hurler la profonde détresse de la maîtresse, seule, au fond d'un couloir glacé. »
-        Non ! Pas là !
Il rit Eric !
Ça l'amuse !
« Il pouffe le sagouin.
Crois peut-être que j'm'amuse moi ! »
Quatre minutes de plus au chrono, j'ai cherché ! Je vous jure !
Il en était restés plusieurs paires sous les porte-manteaux razziés tout à l'heure par  la horde sauvage de mes élèves.
Mais chaque fois que j'en présente une paire à Eric, il rit, un sourire entendu et moqueur au coin de la bouche.
      « Mais que fais-je donc de si ridicule ?
        Suis quand même la maîtresse. »
A deux doigt de l'engueuler celui-là.
« J'ai plus envie de rire du tout, moi ! »
Pour un peu, je le haïrais, je vous jure.
« Ce n'est quand même pas possible ! J'étais si pleine d'amour, ce matin!
Reste plus qu'à changer de voie et à me faire clown.
Car je dois être comique, puisqu'il rit.
Allez ! Je n'en peux plus, j'abandonne. »
Finalement, je m'assieds près de lui.
L'épaule basse et me tais !
«Tiens, si je m'écoutais, je pleurerais!»
...
Le silence s'installe entre nous, sur fond du raffut de la cour! 
Ça doit se voir ma tristesse!
Car soudain, je sens une joue morveuse  se coller contre mon pull .
        - Maicresse! dit-il avec douceur et quelque chose comme de la pitié... Dans les bottes, les gants ! Sont dans les bottes ! »
J'ai sauté :
        - Quoi !? Tu plaisantes ? »
Je lui prends les pieds !
Le déchausse comme j'ai pas su le faire avant, et qu'est ce que je vois ?
Au fond de chaque botte : un gant!
Tout en boule, qui me fait un méchant clin d’œil qui n'a rien de complice!
Pas étonnant qu'on ait eu tant de mal à les mettre ces bottes, pas étonnant qu'il n'ait pu se tenir debout, ce pauvre Eric.
D'ailleurs, une fois sortis les gants, sans un mot, j'ai réussi à les mettre à Eric en trente secondes, et c'est en courant que je l'ai vu, tout réjoui et le cœur léger partir dans la cour.
« Oui ! Lui aussi veut son lot de flocons de neige. » …
Moi, il me faudra bien les cinq minutes de récré qui restent pour ruminer mes émotions, me redonner une contenance avant de reprendre la bataille.
« Et qu'aucune collègue, même bienveillante, ne vienne  me demander comment je m'en sors, ou bien j'ouvre les vannes et j'inonde la salle des maîtres.»

Il y avait si peu de chances qu'Eric ne parle à sa mère de ma ridicule prestation, que je n'ai même rien dit, lorsqu' à l'heure des mamans, elle m'a demandé :
         - Alors comment il a été !
         - Oh ! Un ange ! Très sage ! On ne l'entends pas beaucoup !
         - Oui ! Je sais, pourtant on fait tout ce qu'on peut pour le stimuler. Mais vous savez, il est pas        bête ! Il sait même sa gauche et sa droite! Pour ses chaussures, il se trompe jamais !
J'espère n'avoir pas trop laissé voir mon irritation  :
« Oui, ça j'ai vu ! »
         - Et puis, avec lui, on a des petits trucs pour qu'il ne perde pas tout. On met les gants dans ses bottes ! Le plus drôle, vous allez rire! Un jour, je les ai même oubliés, et j'ai bien du peiner cinq minutes au moins, avant de comprendre.


                                                           Je n'ai même pas réussi à sourire.      

vendredi 22 août 2014

Écrire - Lire – Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture)

Écrire - Lire – Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture)


Appel pour la création d'un Premier Cercle de Lecture-Réécriture

https://plus.google.com/u/0/communities/101085172264215943202

Les salons littéraires ne datent pas d'aujourd’hui !
Depuis le 16ème siècle, ils n'ont cessé de réunir les auteurs : Voltaire et Diderot, s'attablaient au café Procope, et débattaient des idéaux révolutionnaires.
Les Félibres se regroupèrent à  Font Ségugne autour de Frédéric Mistral.
 Virginie Ancelot à l’hôtel de La Rochefoucauld, fait de son salon (de 1824 à sa mort en 1875), un lieu incontournable où se nourriront des esprits comme Alphonse Daudet,  Victor Hugo, Delphine de Girardin,  Juliette Récamier,Saint-SimonAlfred de MussetStendhal,  ChateaubriandAlphonse de LamartineAlfred de VignyProsper Mérimée ; il deviendra un passage presque obligé vers l'Académie Française.
André Breton, Paul Eluard et Soupault, pratiquaient dans un même lieu, l’écriture « automatique ». Ces cercles et cénacles littéraires ont constitué de réelles « familles » d’écrivains.
Il y a peu encore, les éditeurs (Premiers amis des auteurs qu'ils reconnaissaient) pouvaient tenir ce rôle.Ils ont pour la plupart abandonné ce rôle de conseils et de suivi éclairé des auteurs débutants et autres.

Or, qui n'a aujourd'hui jamais écrit un texte, une nouvelle, un conte, un roman, avec le sentiment de se trouver bien seul à l'heure de relire et d'apprécier avec recul son travail ?
Quel auteur n'a jamais souhaité pouvoir s'appuyer sur un premier cercle d'auteurs lecteurs-relecteurs qui sachent donner :
  • à son effort d'écriture littéraire un soutien actif …
  • de sa création littéraire un commentaire éclairé,
  • sur sa réalisation une appréciation réellement nourrie à une pratique d'écriture, similaire à la sienne  ?

Une lecture éclairée, nourricière et stimulante, exercée de façon réciproque et interactive, entre personnes confrontées au même effort de création, voici ce que les membres de cette communauté pourraient s'offrir.

La forme des réseaux sociaux, permet aujourd'hui, même à distance, ce travail collaboratif de première analyse distancée des textes produits, elle rend possible que les cénacles de lecture devenus numériques, soient les nouveaux espaces communautaires d'émergence d'une nouvelle littérature.

Ce Cercle de lecteurs critiques mais constructifs, que j'appelle de mes vœux, je crois que, chaque écrivant (personne qui écrit), -qu'il (elle) soit amateur(e) ou plus professionnel(s)- en a besoin et peut le souhaiter.


Écrire - Lire - Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture) :
« Une façon de cheminer ensemble et de s'apporter de façon démocratique et participative le recul nécessaire à une pratique éveillée de l'écriture : ce regard distancié qui fait avancer et qui nourrit tant celui qui donne que celui qui reçoit. »

Ces membres sont susceptibles de constituer pour un auteur :
  • ce premier Autre - Ailleurs à qui l'on s'adresse au travers de son écrit, et qui met en exigence.
  • ce recul et ce conseil, à priori empathique, car également connaisseur de la difficulté d'écrire,
  • ce premier regard libre et extérieur dont l'écrivain a besoin, avant l'écriture définitive revue et enrichie, qui précède finalement toute diffusion ou publication.
L'auteur, bien sûr ! (et heureusement!) , demeura libre, en dernière analyse, de suivre (ou non!) les conseils et invites qui lui sont faites. Du moins pourra-t-il nourrir son travail (et la conscience qu'il en a!) de ces points de vue externes de pairs.

J'ai personnellement beaucoup pratiqué cette forme d'échanges réflexifs dans le cadre d'ateliers d'écriture ou de formations.

Ce genre de partages commentés des créations, apportait à tous la richesse des divers regards et la finesse des diverses expériences et connaissances personnelles.

Je sais, ainsi, par expérience :
  • ce qu'il est possible de recevoir de cette lecture par d'autres,
  • ce qu'apporte la lecture appréciative des écrits d'autrui.

« Lire autrui de façon attentive et sensible, c'est :
  • aiguiser son regard sur sa propre pratique littéraire,
  • affûter la capacité que l'on aura à se relire soi-même de façon exigeante et progressivement plus juste.
Quand être lu devient :
  • s'offrir le premier retour d'un lectorat de choix,
  • se donner une chance de retravailler son écrit (structure, techniques et style...), grâce aux remarques des autres, d'apprendre à analyser ses propres richesses, comme ses relatives faiblesses parmi des pratiquants du même art que le sien. »
Dans ce Premier Cercle, chacun s'engagerait :
  • avec une certaine éthique et une certaine responsabilité vis à vis des autres,
  • en échange d'un regard de même nature venant d'autrui.
Charte éthique des « écrivants » participants à ce partage de textes et de commentaires :



Charte éthique des participants à « Écrire - Lire - Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture) »:

Je m'engage en tant que lecteur critique:
  • à une bienveillance d'intention, à priori,
  • à savoir apprécier, à sa juste valeur, l'effort de ceux qui se pencheront sur mes textes
  • à un respect de toutes les tentatives et forme d'écriture
  • à regarder chaque texte comme le respectable meilleur de ce que chaque participant a pu écrire : un essai de production du meilleur possible
  • à témoigner toujours, autant de ce qui s'y trouve de positif que ce qui peut y constituer un point que je juge nécessaire d' améliorer

Je m'engage dans mes commentaires et mes analyses :
  • à ne me permettre aucun jugement péremptoire et définitif qui ne sache au moins tenir compte du fait que ce texte est un essai pour aller dans le bon sens.
    On gardera à l'esprit cette réalité :
    « La vérité des uns, n'est dans l'histoire, que rarement restée sans la contradiction d'un autre »
  • à justifier toujours au mieux mes points de vue, dans l'intérêt de l'auteur du texte que je commente .

En tant qu'auteur qui soumet un texte à la lecture-analyse des autres, je me contrains à  :
  • à avoir relu mon texte à de multiples et suffisantes reprises, d'avoir lui donner la plus aboutie possible des formes (de mon point de vue actuel en tout cas), d'avoir par exemple,veillé à supprimer de mon texte toute longueur inutile
  • à ne soumettre aux autres membres que le meilleur de ce que j'aurai su produire :
    • ainsi ai-je fait en sorte que du point de vue orthographique, grammatical, syntaxique et lexical, ils soient les meilleurs possibles)
    • pour cela, je n'ai pas hésité à user au moins du traitement de texte de mon logiciel d'écriture (ou de quelque autre outil de ce type : Antidote, Repetition Detector, Texteanalyser....)
  • à ne jamais reprocher à l'un de mes lecteurs ou commentateurs, son point de vue : je reste libre d'en apprécier moi-même la pertinence dernière et d'en faire (ou non!) l'usage et d'en tenir compte (ou non!) dans mon écriture ultérieure.
Je peux mettre en valeur certaines phrases, soumettre des propositions et des améliorations à condition de pouvoir justifier du sens de mes appréciations et de la nécessité de celles-ci, en considérant que ce n'est jamais qu' un point de vue, et jamais le seul strictement possible.

Je peux, tout à fait, suggérer une lecture, enrichir mon propos d'une référence ou du conseil d'un autre écrivain.
Je n'oublie toutefois pas que les pratiques scripturales ont évoluées à travers les siècles (Ce qui s'écrivait hier, n'est plus ce qui s'écrit aujourd'hui!) les lieux et les modes (ce qui s'écrit ici, ne se pratique pas partout).


Je m'engage à ne jamais conclure un commentaire :
  • sans faire le rappel de ce que le texte a su m'inspirer de plus positif (ou au moins de moins négatif,
  • sans redire ce qu'il a su me rendre sensible et appréciable à tout point de vue : thèmes et sujets évoqués, structure de l'écrit, style, forme et manière de traiter....

Modalités pratiques et éthiques des échanges dans la communauté « Écrire - Lire - Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture) » :

La communauté est constituée dans son fonctionnement de Présentateurs de textes et de Commentateurs des textes présentés, mais chaque commentateur s'engage à être lui-même auteur et à soumettre au commentaire des autres des textes qu'il a écrit.

L'auteur d'un texte :

* Le texte d'auteur pourra être affiché directement dans l'espace dédié au Premier Cercle de Lecture
* Il sera accepté que des textes soient soumis sous forme d'un lien qui redirige vers un blog, ou un site d'affichage où il a pu mettre en visibilité son texte.
* Chaque auteur ne pourra soumettre un texte qu'une fois par semaine :
Temps minimum jugé nécessaire,
  • pour la rédaction et la relecture approfondie d'un texte de qualité,
  • pour le travail de lecture-analyse commentée du texte des autres participants
* L'auteur s'engage avant de soumettre un nouvel écrit à la lecture à avoir fait effort pour lire et commenter de façon sérieuse, au moins deux autres textes (de longueur équivalente), des autres auteurs-membres.

Chaque auteur de texte,
  • avant d'afficher son texte en ligne à l'adresse de tous les autres membres de la communauté Ecrire - Lire – Commenter - Réécrire (Premier Cercle de Lecture)
  • et de le soumettre à leur appréciation :
aura veillé à (ou eu la prudence de) protéger ses droits d'auteur, en usant du moyen de son choix : (L’enveloppe Soleau, le coffre fort électronique, les creative commons, le syndicat des auteurs …)

Les commentateurs :

Ils n'auront pas de limitation dans la longueur de leur commentaire ou de leurs échanges.
Ils les placeront dans tous les cas, à la suite du texte auquel ils font référence, directement sur l'espace communautaire dédié au Premier Cercle de Lecture

Les rédacteurs de commentaires auront, le souci de la précision et de la nuance, ainsi que de la formulation la plus appropriée.

Ils écriront dans le respect des règles générales de la langue française littéraire telle qu'elle se pratique généralement (ou telle que chaque auteur en use dans ce qu'il considère comme de valeur littéraire).

Lecteurs et commentateurs :
Les textes et les commentaires au sujet des textes d'autrui, resteront sous la responsabilité de leurs auteurs et ne contiendront :
  • aucun contenu de type raciste, xénophobe, ou appelant à la haine, au rejet ou à la vindicte,
    • comportant à l'adresse de quiconque des injures,
  • des images choquantes : violences, contenus pornographiques ou sexuellement explicites...
  • aucun point de vue contraire aux lois en vigueur dans les pays démocratiques (Pays de UE,...)
    • et plus généralement contraire aux Droits de l'Homme
    • ou de nature à choquer les consciences éclairées.
Ils pourront être supprimés et rejetés sous la seule initiative du modérateur et créateur de cet espace, s'ils ne respectent pas ce souci et contrefont à ces principes.

Chaque membre sera libre de diffuser son profil partiel ou entier (ses références précises et toute adresse ou mention permettant de le joindre ou de le contacter personnellement).
Ainsi pourront et pourraient, finalement, par exemple, se structurer à la convenance des volontaires, en dehors des activités initialement prévues par cette communauté, des échanges littéraires en sous-groupe (par tchat, dialogues « type skype », visioconférences, échanges courriers électroniques … ):
  • autour de textes présents ou non dans l'espace de la communauté,
  • sur des thèmes littéraires que les participants pourraient librement choisir, en dehors de toute responsabilité du créateur du Cercle « Écrire - Lire - Commenter - Réécrire » .
Chaque membre du Premier Cercle de Lecture Écrire - Lire - Commenter – Réécrire, en s'inscrivant accepte d'emblée le cadre qui lui est proposé et les fonctionnements éthiques et techniques présentés dans cet article.

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