samedi 10 août 2013

Être et responsabilité


En apparence, il ne changerait que très peu, que nous soyons ou ne soyons pas, que nous ayons été ou ne l’ayons pas. 
Mais nous sommes et sommes en droit d’être. Peut-être avons nous même la responsabilité de ce peu .

lundi 5 août 2013

INVITATION AU VOYAGE





« Je salue tous ceux qui savent partir, sans s'enrichir en rien des beautés qu’ils admirent… sinon au-dedans. Je salue aussi ceux qui savent que l’on peut même piller la misère des autres, et savent ne pas le faire .»



On m’invite à parler du voyage, à donner des mots sur cette expérience singulière du « partir et du vivre ailleurs », du périple vers ce continent que l’on nomme « autre que l’ici ».
J’ai lu, aujourd’hui, (était-ce un hasard ?) cette citation de Proust :
« Le seul vrai voyage serait d’avoir les yeux de l’autre. Par l’art seulement nous pouvons sortir de nous ».
Proust répond en écho, à cette autre histoire que j'ai rencontrée, il y a plus de 40 ans :
  « Un homme cherchait la sagesse et pour cela courut le monde en quête d'un guide sur cette voie. Et notre homme alla, et alla, et fit plusieurs fois le tour du monde.
Pour finir il revient chez lui, meurtri, découragé, penaud.
C'est alors qu'on sonna et l'homme qui se tenait derrière sa porte était celui qu'il cherchait...
Il était enfin prêt à le reconnaître et le recevoir. »
On ne parle pas à tors en anglais de trip. Good trip ou bad trip, et il ne s’agit toujours que d’un voyage « intérieur ».
Dès lors, je dirai facilement que l’on voyage dès que l’on se met en posture de recevoir le monde et il n’est pas besoin pour cela d’aller forcément bien loin.
J’ai fait de formidables voyages en lisant, d’autres en ne sortant simplement que de chez moi, d’autres encore en m’ouvrant plus que d’ordinaire à ce que je n’avais jamais reconnu chez autrui .
Si un bon livre m’est un fantastique voyage, un rêve aussi, ou un silence, de même qu’une musique.
Une belle marche, peut devenir un temps de grande oraison. Je dirai aussi qu’un sacré voyage commence lorsque l’on se met en position d’écrire.
Toutefois, j’ai fait quelques petites expériences dans le domaine du voyage « véritable », jamais dans d'aussi extrêmes conditions que celles d’un Nicolas Bouvier ou d’une Alexandra David-Neel. Saurions-nous encore aller dans l'absolu où chacun d’eux s’est engagé? Sommes-nous capables de ce dépouillement, de cette mise en abîme absolue.
Le monde se prête-t-il encore aujourd’hui à des périples tels qu'il et elle le décrivent ? 
Ma plus riche expérience dans ce domaine du voyage fut un périple, en Roumanie en compagnie d’un peintre natif (beaucoup artiste, un peu aigrefin), ainsi que de sa compagne et muse Helena. En voiture, il y a plus de cinq ans. Il m’a conforté dans l’importance du plus simple, dans l’expérience du respect de l’autre.
Il parlait un français imagé, métissé d'une culture gigantesque et de la maîtrise de plusieurs langues.
Il m’ a offert l’amour de son pays, la diversité de ses paysages et ce qu’y vit ce peuple complexe et composite, ainsi que le regard qui l'anime et alimente son art. Il m'a ainsi montré :
  • que l'essentiel en l'homme transcende et les cultures, et les religions,
  • que finalement si je voulais trouver l'Autre ( dans la force et le courage, dans l'adversité et le dénuement....), c'était en moi (dans ma culture propre, dans mon chemin de vie qu'il me fallait les trouver).
Depuis ce voyage marquant à de nombreux titres, je tiens à ne rester que le moins possible un ordinaire collectionneur des beautés du monde, je préfère être témoin du vrai, partout où je le vois, de l’humain chaque fois que je le rencontre. 
Ce monde auquel m’ouvre le voyage, rien ne peut pourtant me le faire accepter en l'état, et je ne peux le changer seul.
Je le soigne et l’admire; de ma porte, l’aime et le souffre.

Car il n'est jamais loin, le monde : le plus souvent juste là….. chez mon voisin.