samedi 10 juillet 2021

FABLES

                                                                     


                                                                   


CHERE AMIE, CHER AMI DES ARTS ET DES MOTS,


Nous sortons d'une longue période qui a remis en cause notre position par rapport à l'Autre, à la Nature, à la Vie.
Nous avons été menacés, contrariés, et contraints dans nos relations, nos possibilités de rencontres et d'échanges culturels et humains. 

Nietzsche dans "La naissance de la tragédie" explique:

 "La mission suprême de l'art, le seule grave, consiste à libérer nos regards des terreurs obsédantes de la nuit, à nous guérir des douleurs convulsives que nous causent nos actes volontaires"

Cet été est, heureusement, une porte ouverte à de nouvelles opportunités, initiatives et découvertes. 

Claire Gilson renouvelle aux Arliauds à Dieulefit le concept de l'exposition artistique à ciel ouvert.  

Ensemble, elle et moi, vous proposons:


       -  une exposition, enrichie de mes textes 
(Un parcours de textes est à destination des plus jeunes, un autre s'adresse plutôt aux adultes)


 - et des ateliers d'expression :

                                     Ateliers d'écriture, les jeudis 22 et 29 Juillet 
                                     Ateliers de dessin, les mercredis 21 et 28 Juillet . 

Ils sont ouverts aux adultes, certes, mais plus globalement aux familles.  
 
Proposées en soirée et en extérieur, les conditions de cette expérience en terre artistique sont tout à fait étudiées pour être sûres et originales. 

                                                                 
                                           

Que vous proposons-nous au juste ? 

De nos cheminements communs sont nées:

- une exposition à laquelle nous vous invitons dans les prochaines semaines, 
- des ateliers d'expression gratuits 
- et d’abord cette affiche que je partage, avec vous, aujourd’hui.

Le hasard (ou la nécessité) ont fait une nouvelle fois se rencontrer et s'enrichir mutuellement, deux chemins d'expression cousins. 

L'art pictural de Claire Gilson, comme le silence, appellent facilement les mots et les projections imaginaires. Ses tableaux m'auront ouvert à d'intéressantes possibilités imaginatives, et littéraires , au travers de ces improbables rencontres animalières qu'elle a souvent pris pour sujet !


"Je me sers d'animaux pour instruire les hommes" disait Jean de La Fontaine.  


          De son côté, Barbara Hannah (grande figure de la psychologie jungienne et auteure du livre, « Le symbolisme des animaux ») précise : 


« Un cheval connait souvent le chemin alors que son cavalier est complètement perdu… 

Dans les situations où rien d'autre ne peut aider, où la raison nous fait complètement défaut. Il existe, dans la vie, certaines situations difficiles où tout ce que vous avez appris, tout ce que vous avez patiemment élaboré, s'effondre, n'est plus d'aucune aide (...) Alors ceux qui peuvent suivre leurs instincts sont infiniment mieux protégés que s'ils avaient toute la sagesse du monde...)


Comme pour La Fontaine dans son siècle, face aux tableaux de Claire Gilson, la fable et la "poésie fabliaire" me sont vite apparues comme la voix d'expression nécessaire à ce travail du moment.

                                                          

                        Heureux de vous rencontrer à l'une de ces occasions. 
                        Pensez à téléphoner au 06 63 84 14 45 (Serge) ou au 06 84 67 27 44 (Claire)

        N'hésitez pas à diffuser ce message et à parler autour de vous de cette initiative.


                                                                                                                   Serge De La Torre

dimanche 28 février 2021

Flamboyance empoisonnée


                                 Vénéneuse flamboyance

 

Digitales, parures des jardins d’ombre,

 Et rustiques gardiennes des sous-bois ;

Compagnes aux hampes sauvages,

En bordures de chemins, installées :

Souvenirs retrouvés de folles échappées … 

 

Spectatrices endimanchées des sorties de montagne :

 Souvent douchées de lumières en rais doux,

Ou nageant au frais, à la mi-ombre des travées,

Fleurs séductrices, au toucher interdit :

Gardez- vous ! mes trop vénéneuses beautés...

 

En charnelles grappes, suspendues, vos trompettes

Chantent presque lasses, mais si bien ordonnées. 

Pavillons humbles et fronts abaissés,

Elles balancent leurs robes laiteuses, pleines d’orgueil : 

Aux roses tendres, de parmes ou de mauves glacés .

 

Jusqu’en vos silences assoupis, j’entends

Vos alarmes immobiles, et pourtant offusquées :

Au passage du promeneur matinal, vil fuyard essoufflé.

Vos cornets acoustiques, lui semblent de regards animés,

Quand vos tubes striés, aux taches félines,

De leurs obscurs ou profonds vides, pleurent

En germes leurs vies futures… leur floraison à venir.

 

                                                 Serge De La Torre  le 27/02/2021

samedi 27 février 2021

Au milieu des bouleaux arctiques

 

Au milieu des bouleaux,

Le regard de l’enfant s’émerveille encore

D’immaculées aurores polaires :  

Elle y entend les boutons de fleurs géantes converser,

Et l’innocence de son sourire leur répond.

 


Figées dans des cernes de blancheur

Auxquels elles voudraient échapper ;

Rendues translucides à la lumière,

Leurs corolles de pétales nagent dans les vides glacés …

 

L’encre de la nuit offre des moutonnements nuageux

A la lumineuse et solaire transparence

Des vibrants pavots : cyanotypie …

 


Ici,

Raidies dans les cernes de leur candeur

Là,

Eblouies de solaire luminescence :

Les pavots volent, la nuit,

Tels des papillons aux ailes démantelées

Selon d’énigmatiques et mouvantes lignes de fuites …

 

La brise évente leurs calices d’ouate bleue,

D’azur brume ou d’ombres nocturnes aux traits stylisées.

 

Voyez leurs semences :

Elles nourrissent de promesses

Des lendemains tristement absents.

 

                             Serge De La Torre   (Le 24 février 2021)


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vendredi 3 avril 2020

Au jardin des Essentiels



Corps lourd et chemin du vide :
Chemin d'un plein qui s’en va,
Et d’un au-delà qui s’ouvre...

Une voix me guide
Lente et tranquille,
Me conduit 
Jusqu’à l’étrange porte de pierre.

Arche lourde au détour du chemin,
Obstacle de vie, entourée de prometteuse quiétude.

Quand je la franchis :
Plantes et allées sont toutes en ordre,
Et pourtant n’ont rien de figé,
Éprises d'être et  de lente souplesse.

Devant moi, une ronde dalle.
Un granit blond, lisse et chaud 
Comme une chair alanguie. 

Où se tient une mère et sensible
Et emplie de douceurs
Qui porte en ses bras, un enfançon, né d'hier
ou de longue éternité

Une merveille d’innocence, un mystère de silence.
Image de l’incréé, du naissant.
Du libre de l’existence, et de toute objection.

Et il tête, l’enfant, au doux sein de sa mère
Et n’a besoin de rien.

Il vit -sans manque- au téton maternel.
Et rayonne cette paix  dans laquelle il se trouve.
Il transpire, sais-tu, d'une lumière qui l’habite.

Ce jardin nourrit, là ,sa profusion,
Il y enracine sa croissance
Au sacré de l'union.

Non loin, un homme, humble jardinier
Qui m’offre des mots 
Où inscrire à jamais ma vision.
Qui m’indique, aussi, où creuser la terre,
Où poser mon offrande, 
Pauvre graine d’émeraude :

Humble semence, 
Amorce de vie renée.

Et la fleur de grenat grandit à l'instant,
Au milieu de milliers d’essences diverses: 
Réalité vive et soudaine,
Bouture, et nouveau départ
Dans ce jardin-écrin 
Oh! jardin de la Vie.
Oh ! jardin d’une enfance rêvée,
Qu’y a-t-il donc encore à craindre ? 
La peur n’est jamais réservée qu’aux apparences :

Ici l’agneau embrasse le tigre,
Ici, et le Blanc et le Noir sont unis
Ici se riment d’eux-mêmes, les contraires,
Ils se croisent sans se détruire :
Et même la vie et même la mort
Qui trouvent à être,
Qui trouvent paisibles à se chérir.

J’ai mis en terre ce qui devait l’Etre,
Ma quête peut aller plus loin, 
Repartir.
J’emporte avec moi ce relent d’ailleurs,
Cet instant d'Éternel.
 Et je sais
-Que m’importent les circonstances-
Que l’essentiel est toujours possible !
                           Qu'il suffit d'y bien voir, 
                           Qu'il suffit d'y regarder.


                                                     
                                                       Serge De La Torre 

lundi 30 mars 2020

Éphémère

"Deux femmes sur le rivage" 1898 -gravure sur bois - coll.privée- 
Issue du livre "Edvard Munch ou l'anti cri" Ed. Pinacothèque de Paris


Regarde la mer,
Puis vois aussi ta terre :
La vie est un continent fragile !

Destin, sans visage,
Nous avançons seuls, 
Aveugles dans la nuit noire.

La joie est un luxe 
Qui ne tient qu’à un seul fil :
Sais-tu, humanité! qui te hèle ?

Nos regards au loin
Nous font ignorer cette mort 

Qui pourtant nous tient la main.

Serge De La Torre

dimanche 29 mars 2020

Jardins intérieurs




 Jardins intérieurs

Ils sont en nous les jardins, au fin bout derniers de nos soupirs, ils s’épanouissent en nos veines en glorieux flux imaginaires. Il convient de les trouver, tapis de couleurs aux lumières de nos âmes. Il n’est qu’à les trouver aux silencieux espaces de nos fonds

Tableau d'André Van Beek

Indistinct brouillard :
Jaillissement de lumière,
Explosion d’couleur …

En ces jardins, vit un couple tranquille, maître et compagne, maîtresse et jardinier, qui te conduisent à tes noces réconcilient ton cœur à tes larmes, émotions et alarmes et t’offrent la paix qui finalement t'éblouit de ses charmes…  

Paix d’un coin d’eau claire,
Cœur d’un océan de fleurs
Un chemin y court.

Leur vie est toute de contraste et la tienne de soucis, les deux s’harmonisent : de nouveaux liens se tissent et le temps se lasse de courir. La vie est profusion et lenteur, au jardin des délices, au grand jardin des larmes, au grand jardin des fleurs.

Pompon de fleurs nues
Arbustes en pomélos,
Tiges noires et torses.

Les paradis intérieurs ont les allures qui nous font et nous défont, et les floraisons de couleurs diverses et pleines d’allures, goutte de l’eau de la vie qui t’accueille et t’embrasse. Goûte là dans ta main, fais-en le recueil. Créée ton calice, oublie ta science. Prends donc-là, ta confiance aussi bien que ta patience !

Il est des jardins
Comme des gens et des vies :
Ils vont et varient.

Retourne à la vie, homme d’inconscience perdue, les yeux ouverts, ouverts à ce nouveau jour. Il n’est pas de lumière que tu ne puisses trouver, en dehors de ces maîtres de douceur, de ces êtres paisibles, amants du renouveau. Il n’est point de miracle que tu ne puisses trouver en tes intérieurs jardins, car ….

Ils dorment en nous,
Au fin bout de nos désirs :
Où chante la vie